Auteur(s) : Collectif, HUREL Daniel-Odon (dir.)
Monastère bénédictin, petit séminaire, institution d’enseignement puis projet maronite, voici les grandes lignes de l’histoire de l’abbaye Saint-Pé-de-Bigorre ou de Générès évoquées dans ce volume, fruit de la rencontre tenue à Saint-Pé à l’occasion du millénaire de l’abbaye en juillet 2022. À l’échelle de ce millénaire, il faut distinguer, bien entendu, des temporalités différentes : un peu moins de 800 ans pour la présence monastique et bénédictine, un peu moins d’un siècle pour le petit séminaire, une centaine d’années pour les institutions d’enseignement au xxe siècle et enfin moins d’une dizaine d’années de présence maronite porteuse d’avenir.
Chaque étape de cette histoire rend compte d’un contexte spécifique : celui du monachisme médiéval puis moderne d’inspiration bénédictine avec ses transformations, ses crises et ses relectures périodiques de la Règle, la plus importante étant celle de Saint-Maur au xviie siècle ; celui de la reconstruction du catholicisme dans la France du xixe siècle ; celui de ce long xxe siècle dont les bouleversements politiques, sociaux et religieux n’ont pas été sans conséquence sur l’institution d’enseignement de Saint-Pé, tant sur le plan de la sociologie religieuse, des méthodes et de l’histoire de l’enseignement et de l’éducation que des conséquences du concile Vatican ii ; enfin celui de l’église maronite en France.
Point commun à cette temporalité à dimension variable : un cadre de vie et des hommes, individus et communautés, lieux de prière, lieu de transmission d’un savoir religieux, spirituel, liturgique, théologique, un territoire, une mémoire construite et parfois sans doute idéalisée.
Première synthèse d’ensemble sur l’abbaye et le site de Saint-Pé, cet ouvrage constitue une sorte de point d’étape ou de prélude à une histoire en profondeur de chacune de ces histoires particulières.
Auteur(s) : CHÉDID Youssef
Le chant de langue syriaque est une partie essentielle de la tradition de l’Église maronite qui la lie à ses racines syriaques et qui maintient son ancrage dans le milieu sémitique du début du christianisme. Ce chant se tient au cœur de ses prières, centre de sa vie liturgique et expression de son identité. Le répertoire étudié est l’ensemble des hymnes liturgiques de langue syriaque chantées à l’office monastique selon la tradition de l’Ordre Antonin Maronite. La version interprétée par le principal détenteur de cette tradition au xxe siècle, le père Maroun Mrad (1913-2008), devenue une référence, a été pérennisée par le père Ivar Schmutz-Schwaller dans son enregistrement de 1972. Ce livre commence par la contextualisation historique, littéraire et liturgique de ce répertoire. Il se poursuit par la transcription et l’analyse musicales, selon la méthodologie du diagramme d’analyse mélodique, des 170 hymnes enregistrés. Cette recherche débouche sur une approche typologique mélodique multifactorielle de ces mélodies selon des critères immanents. La polarité modale est au centre de cette typologie : c’est le rapport entre les deux degrés cruciaux que sont la finale et la teneur modales pour chaque hymne, aux côtés du genre (ou type de structuration intervallique) des échelles modales.
Le père Youssef Chédid, moine antonin maronite, a reçu une double formation théologico-liturgique et musicologique. Après des études de philosophie et de théologie à l’Université Saint Thomas d’Aquin (Rome), il a poursuivi une spécialisation en Sciences Ecclésiales Orientales à l’Institut Pontifical Oriental de Rome – section Liturgie. Cela lui a permis d’étudier l’influence réciproque des chants hébraïques et des chants hellénophones sur l’hymnodie syriaque au cours de l’Antiquité et du haut Moyen Âge. Pour ce qui est de son parcours musicologique, et faisant suite à ses études de musicologie à l’Université Antonine au Liban, il a entrepris des études doctorales à l’Université Paris-Sorbonne, couronnées par la soutenance, en 2015, d’une thèse sur les hymnes syriaques de l’Église maronite.
Préambule du Père Général Abbé Maroun Abou Jaoudé
Avant-propos du Père Recteur Michel Jalakh
Préface de François Picard
Postface de Nidaa Abou Mrad
Auteur(s) : DOUAIHY Antoine
Placée depuis un siècle et demi au centre de la vie politique mouvementée du Mont-Liban puis du Liban, Zghorta demeure pourtant parmi les endroits les plus enveloppés de mystère au Levant. Située depuis de longs siècles sur la ligne frontalière entre le « pays maronite » et l’environnement islamo-ottoman, cette forteresse avancée n’est en réalité que la ville d’hiver de son « double », Ehden, terre des origines, plantée à quelques mille cinq cent mètres d’altitude au dessus d’elle, dans la haute montagne libanaise du Nord, face au rivage méditerranéen.
Le mythe de Zghorta et le stéréotype du Zghortiote sont tellement ancrés dans la « conscience collective » libanaise, voire moyen-orientale, qu’ils nourrissent à l’égard de cette société des attitudes passionnelles et des réactions contradictoires qui ne manquent pas d’en affecter profondément la vision. La société de Zghorta présente à ce niveau le modèle le plus achevé des traditions guerrières, du type d’organisation socio-politique « clanique », des coutumes de justice privée, de l’esprit d’indépendance montagnarde et du sentiment de différence, voire de supériorité, fondé sur l’appartenance à une collectivité particulière.
Dans un ouvrage de référence, d’une grande rigueur, l’auteur analyse cette société perçue au milieu des mutations majeures de la Montagne libanaise, puis du Liban, entre les massacres de 1860 et la guerre de 1975. Une destinée liée à l’ambition libanaise ancestrale d’indépendance et de liberté, aux secousses de l’irruption dans la modernité, à travers la montée de l’Europe en Méditerranée, la Première Guerre mondiale, la chute de l’Empire ottoman, le Mandat français, la décolonisation et le devenir actuel de la région.
Un ouvrage capital et inédit, sur Zghorta et le Mont-Liban.
Antoine Douaihy est professeur d’université, docteur en anthro-pologie sociale et culturelle de l’Université René-Descartes Paris V, auteur de plusieurs ouvrages et articles notamment en langue française, sur l’histoire culturelle du Liban. Poète et romancier, attaché aux valeurs de liberté et de sauvegarde du patrimoine libanais, il dispose également d’une œuvre littéraire conséquente en langue arabe.
Auteur(s) : ISSA Mireille
Aux côtés de Léon X, Grégoire XIII, Urbain VIII, Clément XII et Benoît XIV, souverains Pontifes romains, s’illustrent dans le Bullaire maronite les Patriarches maronites Georges de Sebeel, Estéphan Douwayhi, Siméon Awwad et Toubia Khazen. Quand la traduction du Bullarium Maronitarum fut entreprise, l’objectif était clair : mettre à la disposition des historiens et des chercheurs un outil de travail susceptible de les aider à surmonter divers problèmes, principalement ceux de la langue. 1213 et 1899 sont les dates des deux bulles qui bornent dans l’œuvre un intervalle de quelques siècles marquant profondément l’histoire des maronites, et des rubriques desquelles se dégage symboliquement une tonalité imprimée à l’ensemble : la communion ecclésiale, souci majeur du Saint-Siège.
En effet, la première bulle donnée en 1213 par Innocent III à Jérémie Amchiti, et invitant ce dernier au Concile de Latran projeté en 1215, entend récupérer la Terre Sainte, condamner les hérésies et procéder à la réforme de l’Église universelle. L’avant-dernière bulle adressée en 1899 en confirmation de l’élection du Patriarche maronite Élias Houwayek est suivie de la formule de profession de foi prescrite uniformément aux Orientaux et Latins. Néanmoins, si le corpus des deux cent treize bulles réunies par Toubia Anaissi (1870-1950), moine de l’Ordre Mariamite Maronite et abbé de l’Hospice-Collège Maronite de Rome, est imprégné par la prééminence d’une Église qui se veut unifiée, il charrie selon un rythme inégal, très timide entre le XIIIe et le XVe siècle et s’intensifiant dès le XVIe siècle pour constituer une solide correspondance, un événementiel lourdement chargé dont les maronites ont vécu les vicissitudes avec plus ou moins d’acuité dramatique : la période mamelouk, la mission franciscaine représentée par Grifon de Courtray, la Compagnie de Jésus par l’Italien Jérôme Dandini, l’ascension du Collège Maronite, tournant décisif dans la vie des maronites dont une élite réussit une brillante insertion dans la République des Lettres, notamment Joseph Simon Semaani, pionnier du Synode Libanais. Lui aussi le Synode bénéficie dans cette littérature épistolaire de l’attention qui lui est due, tout comme l’affaire de Hindiyyé, les élections patriarcales, les réformes dogmatiques et liturgiques, celle du monachisme, la christologie et la communication des décrets de Propaganda Fide.
Cet ouvrage est traduit et annoté par le Père Professeur Karam Rizk, Vicaire de l’Ordre Libanais Maronite et Recteur émérite de l’Université Saint-Esprit de Kaslik, et le Professeur Mireille Issa, Chef du Centre d’Études Latines de la même Université.
Auteur(s) : KANAFANI-ZAHAR Aida
Avec ses dix-huit communautés - douze chrétiennes, cinq musulmanes et une juive -, le Liban est souvent considéré comme l’exemple type d’une société segmentée selon des critères d’appartenance religieuse.
Le grand mérite de l’ouvrage de Aïda Kanafani-Zahar est de nous faire découvrir, à partir d’une enquête localisée et approfondie, comment des Libanais vivent ensemble avec leurs différences religieuses. Certes, la mémoire des massacres est présente et les processus de réconciliation engagés entre des villageois druzes et chrétiens avancent pas à pas : sans effacer les crimes, il s’agit de vivre avec, de réapprendre à vivre ensemble avec ce passé-là. Le livre qu’on va lire se focalise sur le vécu d’un village bi-religieux du Mont Liban : Hsoun, un village habité par des chrétiens maronites et des musulmans chiites.
Il ne s’agit pas seulement d’une coexistence de deux communautés, mais d’un véritable échange vecteur de lien social : la différence, si elle peut être séparatrice et polémogène, peut aussi être intégratrice et pacificatrice. Loin d’être abolie, elle est reconnue et respectée nourrissant une civilité interconfessionnelle reposant sur une bonne connaissance de la religion de l’autre. Il y a des limites et on sait ne pas les franchir, c’est la base même du vivre-ensemble de ces maronites et ces chiites qui se sentent unis comme appartenant à une même terre, celle de leurs ancêtres et celle qu’ils ont appris à travailler, quelquefois ensemble au nom de l’entraide traditionnelle entre voisins.
La religion est ici une culture structurante et englobante pourvoyeuse d’une identité régulièrement vécue à travers des rites et coutumes qui entretiennent le sentiment d’un entre-soi symbolique. Une manière d’être, une façon de faire lien, de se rapporter au monde, de vivre le don et d’accepter la différence… (Jean-Paul Willaime)
Aïda Kanafani-Zahar est Chargée de recherche au CNRS, Groupe de Sociologie des Religions et de la Laïcité (CNRS-EPHE). Après un Ph.D. en anthropologie à l'Université du Texas à Austin, elle a enseigné à l'Université libanaise de 1979 à 1989 date à laquelle elle arrive à Paris où elle est Maître de conférence invitée au Musée de l'Homme. Après de nombreux travaux sur l'anthropologie de l’alimentation, elle se consacre depuis 1994 à l’étude de l’après-guerre dans la société libanaise (travail de mémoire, réconciliation, tentatives de sécularisation institutionnelle). Elle a récemment publié, La réconciliation des druzes et des chrétiens du Mont Liban ou le retour à un code coutumier, (Critique internationale, 23/2004). Aïda Kanafani-Zahar est également l'auteur/réalisatrice du documentaire, La fête du Sacré-Cœur ou la célébration du retour, Bîri, Liban, avec le concours de la cellule audiovisuelle du CETSAH/CNRS (Avril 2004).
Auteur(s) : JABRE-MOUAWAD Ray
…Ces deux lettres qu’Ibn al-Qilāī a adressées au Mont-Liban, ont été écrites vers 1496 pour l’une et en mai 1499 pour l’autre. Quelques lignes directrices de la pensée de l’auteur, qui sous-tendent l’ensemble de son œuvre, y apparaissent : sa vision du Mont-Liban « pays des saints ». Les « erreurs » des maronites qui « souillent » ce pays idéal. Les châtiments qui les frappent en conséquence. Mis à part le lien mystique que l’auteur établit entre les maronites et la montagne libanaise, on perçoit également dans ces deux lettres le grand tournant que l’église maronite va être amenée à prendre pour rompre l’isolement où l’avaient confinée des Mamelouks. à savoir son éloignement, qui ne sera jamais définitif, de ses racines culturelles syriaques et son rapprochement de plus en plus décisif avec l’église de Rome…


Denfert-Rochereau ou Raspail






