Auteur(s) : VILLEY Émilie
L’étude du syriaque classique (langue sémitique dérivée de l’araméen d’Édesse) a connu ces dernières années un regain d’intérêt. Il manquait un outil pédagogique adapté au public universitaire francophone. Le présent manuel est le fruit d’un enseignement universitaire dispensé entre 2015 et 2024 et d’une concertation avec des chercheurs et enseignant-chercheurs français spécialistes du syriaque classique (notamment G. Bohas et M. Farina) pour valoriser une approche grammaticale et phonétique renouvelée de cette langue. Adressée aux débutants et faux débutants, la méthode vise à initier à la lecture et à la graphie des trois grandes écritures syriaques classiques. De nombreux exercices, douze leçons de grammaire accompagnées d’enregistrements audio et, en fin de manuel, deux longs extraits de textes (l’un en serṭo relevant de la tradition syriaque occidentale, l’autre en syriaque oriental) permettent d’acquérir un bagage grammatical et lexical suffisant pour commencer à lire de manière autonome un texte syriaque.
Émilie Villey, chargée de recherche au CNRS (UMR 8167 Orient & Méditerranée), a enseigné le syriaque à Paris (ENS, ICP et Sorbonne Université-ÉLASU) et en Normandie (La Nouvelle Qenneshré).
Simon Brelaud, chercheur à l’IFPO-Erbil en Irak, a enseigné le syriaque à l’Université de Californie à Berkeley. Il est en charge du cours de syriaque pour débutants à Sorbonne Université (ÉLASU).
Jean Pflieger collabore aux séminaires syriaques de Sources Chrétiennes (UMR 5189 HiSoMA). Il accompagne des étudiants et des chercheurs dans le perfectionnement de la langue syriaque.
Auteur(s) : LECHANI Mohand Saïd
Formé aux études berbères par des spécialistes de la dialectologie de renom tels Saïd Boulifa, Émile Laoust et André Basset, compagnon de recherches de l’orientaliste André Picard puis aîné inspirant de Mouloud Mammeri, Mohand Saïd Lechani (1893-1985) est une figure de la première élite kabyle militante. Il a contribué dès le début du xxe siècle à l’éveil culturel et identitaire berbères. Il fut, à ce titre, un des maillons garants de la continuation de la fragile chaîne de la berbérologie algérienne en contexte colonial. C’est assez dire l’importance de ces textes, ici rassemblés, qui constituent une nouvelle voie d’entrée dans son œuvre plurielle, située à la confluence du monde éducatif, culturel et politique.
Outre les perspectives offertes par les matériaux réunis dans ce volume, ces écrits en fragments – dont certains passages ont valeur de testament culturel – brossent le portrait intellectuel d’un défenseur du patrimoine immatériel de Kabylie, longtemps confiné aux marges, dont les inquiétudes sur son avenir restent prégnantes en dépit de sa récente consécration constitutionnelle.
Méziane Lechani est médecin spécialiste et éditeur à Paris.
Kamal Naït-Zerrad est professeur de linguistique des universités et directeur de l’unité Lacnad (Langues et cultures du Nord de l’Afrique et diasporas). Il est l’auteur de nombreuses publications scientifiques sur la langue berbère.
Auteur(s) : BOHAS Georges
Le premier objectif de l’auteur est de montrer que depuis Nöldeke et Duval les linguistes et grammairiens se sont fourvoyés dans le traitement de la spirantisation des bgdkpt en syriaque. Les uns ont tenté de résoudre le problème en injectant dans les représentations sous-jacentes des voyelles empruntées aux langues voisines (/ketâbâ/>ktâbâ), d’autres ont implanté en syriaque le shewa de l’hébreu (ex. bəgherô). Dans les deux cas, il est facile de mettre en échec ces traitements et de montrer qu’ils doivent être remplacés par une grille de spirantisation de construction très simple qui opère « en surface », sans recourir à ces artifices.
Le deuxième serait d’attirer l’attention sur l’intérêt de la tradition grammaticale syriaque pour l’histoire des théories linguistiques.
Le troisième consiste à mettre en cause le traitement de la phonologie syriaque dans la perspective abstraite inspirée par les œuvres des grammairiens arabes afin de le remplacer par une organisation fondée sur les radicaux, seules formes réelles de la langue, dans la perspective des grammairiens syriaques.
Il s’agit bien là de propositions pour une refondation !
Georges Bohas, arabisant, a commencé l’étude du syriaque en suivant les cours du Pr Guillaumont à Paris, puis il a approfondi ses connaissances auprès de divers ecclésiastiques qui maitrisaient toujours cette langue, comme Mgr Gigawi à Damas et Mgr Bahnan Hindo pour la version occidentale à Hassaké, Mgr Petros Youssif pour la version orientale chaldéenne et Giwargis Athniel pour la version orientale assyrienne. Il s’est également perfectionné auprès du père Graffin à Paris et de Mgr Feghali au Liban. Il enseigne chaque année le syriaque à l’Université d’été en langues de l’Orient organisée par l’université de Lausanne à Venise (San Servolo).
Auteur(s) : BECHRAOUI Mohamed-fadhel
La situation de la langue turque en Tunisie a été dans son ensemble fonction de l’interaction entre trois grands acteurs politiques : la Sublime Porte, la France et les autorités locales. La Sublime Porte, loin de souscrire à une politique de turquisation, s’est contentée en tant que puissance suzeraine d’imposer l’usage de la langue turque dans la rédaction des traités que la régence devait conclure avec les puissances européennes. Après la conquête d’Alger, la France parvient à modifier le protocole diplomatique et interdit au Bey de rédiger désormais sa propre copie en turc. Implantée en Tunisie un demi-siècle plus tard, elle parvient également à bannir les cours de turc de l’enseignement sadikien. Quant aux autorités locales, elles n’avaient, jusqu’à la deuxième décennie du dix-huitième siècle, porté d’intérêt à cette langue que dans la mesure où c’était celle des expatriés turcs venus pour la plupart servir dans la milice des janissaires. Les usages postérieurs s’inscrivent uniquement dans le souci de consolider les rapports avec la Sublime Porte engagée alors autant que Tunis dans des réformes institutionnelles de grande envergure.
Mohamed-Fadhel Bechraoui est spécialiste d’histoire et d’épistémologie des sciences du langage. Ses travaux portent sur l’analyse métathéorique des modèles syntaxiques, sur les grammaires françaises écrites à l’usage des Arabes, des Turcs et des Persans, ainsi que sur le contact des langues en Tunisie. II envisage de publier sous peu une traduction annotée de la grammaire de Port-Royal.
Auteur(s) : EL-LAHHAM Wissam
Au Liban, la pactologie est l’arme par laquelle le pouvoir politique décide de suspendre la constitution au nom de la concorde confessionnelle. Sous prétexte d’équilibre national, l’émergence d’une « pactocratie » fait le jeu des seigneurs de la guerre qui se sont partagés, notamment après 2005, les dépouilles d’un État et pris en otage une société civile toujours menacée par la crainte d’une éventuelle «guerre civile ».
Cet ouvrage pluriellement référencé et par une approche interdisciplinaire associe la théorie du droit, l’histoire politique et le droit constitutionnel dont il questionne les pratiques. Il confronte le Pacte national à tous les concepts politico-juridiques capables d’élucider sa nature mais devenus inopérants dans le contexte libanais : démocratie consociative, coutume, conventions de la constitution, fédéralisme, contrat social, légitimité. Seule, du point de vue de l’auteur, la théorie décisionniste de Carl Schmitt semble apte à fournir une interprétation de l’équilibre entre politique et constitution du Liban actuel.
Wissam el-Lahham est Maître de conférences à l’Institut des Sciences politiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il enseigne la théorie politique, les régimes politiques du Liban et du Monde Arabe ainsi que le droit constitutionnel libanais. Chercheur affilié au Legal Agenda, il y dirige le département des études constitutionnelles.
Auteur(s) :
La langue arabe apparaît en pleine lumière après la fondation de l’Empire
musulman dont elle est la langue officielle. Si on remonte dans le temps,
elle est illustrée, au vie siècle de l’ère chrétienne, par une poignée de textes
courts en langue et en écriture arabes, qui ont été trouvés dans trois zones, le
Bilād al-Shām, l’extrême nord-ouest de la péninsule Arabique et la région de
Najrān. Pour les périodes plus anciennes, la thèse dominante est que la langue
arabe ne serait attestée que dans deux zones, le nord-ouest de la péninsule
Arabique et le Bilād al-Shām, dans des textes écrits soit en alphabet arabique
(ṣafāʾitique et ḥismāʾique) soit en alphabet araméen.
Cette dernière affirmation paraît incongrue, d’autant plus que, durant les
siècles précédant l’Islam, la carte tribale paraît relativement stable. Il semble
plus logique de supposer que de nombreuses populations en Arabie parlaient
un arabe qu’on ne sait pas reconnaître. Les inscriptions de Najrān en écriture
sudarabique et en langue sabaʾique en offrent une première illustration.
Dans le corpus du sabaʾique, quelques dizaines de textes s’écartent plus
ou moins de la norme. Ils présentent des déviances dans la phonétique, la
morphologie et le lexique, qui peuvent être interprétées comme des emprunts
à la langue arabe. Le nombre de ces déviances est relativement faible dans
tous les textes sauf un où il excède celui des caractères propres au sabaʾique.
Tous ces textes, qui proviennent d’une même zone, celle de l’oasis de Najrān,
au nord de Sabaʾ, datent d’une période relativement haute, entre 350 avant
l’ère chrétienne et 150 après l’ère chrétienne.
Dans l’analyse des inscriptions antiques, la démarche traditionnelle
consiste à isoler des ensembles de textes présentant une parenté linguistique
manifeste ; chacun de ces ensembles définit une langue. Pour Najrān, cette
démarche aboutit à l’identification de deux « langues » : un dialecte du
sabaʾique en contact avec l’arabe et une langue apparentée à l’arabe.
Cette démarche paraît inappropriée parce que la plupart des commanditaires
des textes rédigés dans ces deux « langues » appartiennent au même
groupe tribal. La variabilité linguistique des inscriptions de Najrān s’explique
plutôt par l’introduction dans la langue écrite de caractères empruntés à la
langue parlée en proportion variable. Ces caractères sont peu nombreux
dans les textes les plus formels comme les règlements ou les offrandes ; en
revanche, ils abondent dans les inscriptions funéraires dont les stipulations
et les interdictions doivent être impérativement comprises.
La langue des inscriptions de Najrān serait donc du sabaʾique écrit par une
population parlant une variété ancienne de la langue arabe que l’on peut
appeler « vieil-arabe de Najrān ».
Auteur(s) : DIAB-DURANTON Salam, DURANTON Henri
Il n’est guère besoin de vanter l’apport d’Antoine Galland à la tradition des échanges entre Orient et Occident avant la Révolution. Sa traduction des Mille et une Nuits – roman qu’il était le premier à faire connaître au public européen – n’a cessé d’être rééditée du début du xviiie siècle à nos jours. Sur cette réputation universelle et ses nombreux travaux, il fut tacitement admis qu’il était un modèle d’orientaliste et à ce titre maîtrisait parfaitement arabe, turc et persan.
Nous avons voulu le vérifier à partir d’un curieux manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France, et à ce jour jamais exploité. Enregistré sous le titre Supplément turc 1200, il constitue la première étape d’une anthologie de proverbes arabes, turcs et quelques-uns en persan, qui n’a jamais vu le jour.
La double originalité de ce manuscrit, et qui en fait la valeur unique pour les spécialistes, c’est qu’il propose à chaque fois un proverbe arabe, turc ou persan, et la traduction de Galland au-dessous. De la sorte, il permet de tester les aptitudes linguistiques réelles du traducteur des fameuses Mille et une Nuits, ce que de nombreux travaux antérieurs n’avaient pas réussi à faire et également de suivre, sur le vif, un traducteur au travail.
Chemin faisant, l’enquête s’est élargie. La tentative de Galland a été replacée dans une tradition qui remonte à l’époque humaniste. Par ailleurs, elle permet de mieux comprendre le désir novateur de cet érudit d’instaurer un dialogue entre deux univers culturels se rejetant souvent l’un l’autre parce qu’ils ne se connaissaient pas ou très mal.
Salam Diab-Duranton est professeure des universités en Linguistique arabe à l’université Grenoble Alpes. Ses recherches portent principalement sur la lexicographie et la lexicologie de l’arabe standard et dialectal. Ses domaines d’investigation scientifique s’étendent également à la littérature populaire du Mashreq, notamment l’étude des proverbes. Elle a publié aux Éditions Geuthner Proverbes et locutions figées : description et catégorisation et Substitution et créativité lexicales en arabe : compilation, théorisation, restructuration.
Henri Duranton est maître de conférences retraité de l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne. Sa participation à l’édition d’Antoine Galland est dans la suite logique de sa publication, en trois volumes, des voyages de Paul Lucas qui fut le contemporain de Galland, et qu’il a dû croiser sur les routes de l’Empire ottoman qu’ils ont tous deux sillonnées.
Nicolas Vatin est historien de l’Empire ottoman, directeur de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EPHE, PSL.
Auteur(s) : BOHAS Georges
Pourquoi une traduction du Mufaṣṣal d’al-Zamaḫšarī ? Parce que ce livre « connut une vogue considérable dans l’Orient musulman jusqu’à la fin du xiiie siècle » et il exerça une influence « très importante en Orient arabe et dans le monde iranophone, notamment à travers les commentaires d’Ibn Yaʿīš et d’Ibn al-Ḥājib ainsi que la Kāfiya de ce dernier. L’ouvrage peut être considéré comme la source principale des grands traités classiques. » En outre, al-Zamaḫšarī ne fut pas seulement un grammairien, mais il est également l’auteur d’un véritable thésaurus de la langue arabe intitulé ’Asās al-Balāġa, « La fondation de la rhétorique », et surtout, en tant que théologien, il a composé l’un des plus célèbres commentaires du Coran : al-Kaššāf ʿan ḥaqā’iq al-Tanzīl, « Le livre qui dévoile les vérités de la Révélation ». Enfin, dans le domaine de la littérature il a également brillé par ses Maqāmāt « Sessions ».
Pourquoi une traduction commentée ? Le livre vise à une présentation d’ensemble de la grammaire sous la forme d’un compendium ; du reste, il désigne lui-même son ouvrage comme une introduction. Même pour le public arabe averti une explicitation détaillée est nécessaire : celle d’Ibn Yaʿīš s’étend sur dix volumes dans l’édition du Caire. À plus forte raison le commentaire est indispensable pour le public francophone auquel on s’adresse ici. Le commentaire est intégré à la traduction − en italique et en plus petits caractères pour éviter toute confusion − un peu à la manière des commentateurs arabes médiévaux.
Georges Bohas, du laboratoire ICAR (UMR 5191 CNRS • ENS de Lyon), professeur émérite à l’ENS de Lyon, est membre de l’académie de langue arabe de Damas. Il a publié de nombreux livres et articles sur l’œuvre des grammairiens arabes. Il s’est aussi tourné plus récemment vers les aspects formels du texte coranique, à propos desquels il a publié, en 2021, Les stratégies métriques dans le Coran.
Mustafa Alloush, maître de langue à l’Université Lumière-Lyon 2 et docteur en études arabes, est membre du laboratoire ICAR (UMR 5191 CNRS • ENS de Lyon). Il a publié dans les domaines de la littérature, la civilisation et la linguistique arabe, particulièrement, en 2020, La place des interjections et des onomatopées dans le lexique de l’arabe. Il s’est aussi intéressé à la sociolinguistique dans son livre Al-Taṭawwur al-dilālī fī l-luġa al-ʿarabiyya, (Le changement sémantique dans la langue arabe) (2021) et à l’arabe moyen en éditant et traduisant des manuscrits subsahariens publiés dans Écrire la guerre au Fouta-Djalon (2022).
Auteur(s) : BERTRAND-CADI Jean-Yves
Fondées en Algérie pendant la présence française, ces sociétés savantes sont encore dans l’ombre. Au terme d’une guerre violente et fratricide, l’histoire se porta sur les aberrations de la politique coloniale de la France. Les progrès réalisés au cours du siècle précédant l’indépendance restent en grande partie ignorés. En parallèle du patrimoine matériel français, l’Algérie reçut un legs intellectuel considérable. Devenue département français au lendemain de la conquête, la Régence d’Alger et ses territoires du sud étaient peu connus. Civils et militaires entreprirent alors d’en étudier la géographie, l'histoire, d’en améliorer l’état sanitaire et d’en structurer l’agriculture. Des sociétés savantes furent ainsi fondées dès 1845. Identiques à celles de la métropole, leur action s’étendait cependant sur de plus grands espaces. Dans l’urgence de mettre fin à l’état de misère du pays, elles avaient pour tâches d’administrer, éduquer, soigner, fonder une économie moderne.
Cet ouvrage décrit l’histoire de ces sociétés, l’aventure de ces savants de tous bords, civils, militaires ou religieux, épris de leur science et de la beauté de l’Algérie. Leurs travaux conduisirent à des découvertes importantes dans tous les domaines, y compris celui des arts.
Jean-Yves Bertrand Cadi, docteur en droit, magistrat, a vécu une vingtaine d’années en Algérie. Chargé d’enseignement à l’École nationale de la magistrature, il a effectué plusieurs missions de formation dans le monde arabe. Il est l’auteur de deux ouvrages concernant des personnalités musulmanes.
Auteur(s) : VEAUVY Christiane
Chez Saint-Simon, la substitution d’une réorganisation sociale et d’un autre rapport à la nature à l’exploitation de l’homme par l’homme, de l’administration des choses au gouvernement des hommes, entre autres, ont pris corps théoriquement en partant de l’expérience plutôt que de « raisonnements a priori » (Le Producteur, oct. 1825 - oct. 1826). De la lecture de ses Œuvres éditées pour la première fois en 2012 en Œuvres complètes émergent des liens entre action et pensée, corps et esprit. Le saint-simonisme (1825-1835) apparaît, au lendemain de la Révolution de Juillet, comme un « espace-temps » élargi aux prolétaires et aux femmes attirés par cette « nouvelle et puissante doctrine », prêts à s’impliquer dans la pratique de ces liens et les discussions dramatiques entre les deux « Pères », Bazard et Enfantin (sur la « question de la femme », les rapports internes et externes – silence sur les émeutes des canuts lyonnais). Saint-Simon et le saint-simonisme ont été /sont des « passe-frontières » entre les sexes, les cultures, les états (réciprocité des échanges avec la Toscane pré-unitaire et l’Allemagne des intellectuels post-hégeliens).
À la promesse « d’être sincères en tout », véritable leitmotiv du saint-simonisme, les « prolétaires saint-simoniennes » ont répondu en créant un mouvement autonome où vivre leur désir de ne pas séparer cœur, corps et esprit, « dans la foi religieuse qui nous donne la force de vaincre » (La femme libre, 1832) ; par la création de cette forme sociale-politique et l’audace de leur pensée, elles ont précédé les hommes ; leurs écrits et ceux de leurs proches (Cl. Démar, S. Voilquin) nous bouleversent encore. Des formes de créativité étonnamment populaires sont nées en Provence sur les décombres de la société d’ordre, telles les chansons provençales de V. Gelu à Marseille (1837-1855) et ses « Notes biographiques » écrites en français (rééditées en partie à la fin XXe siècle), tel Le marquis des Saffras, roman du saint-simonien J. de la Madelène (1849) réédité plusieurs fois.
Femmes et hommes se réfèrant au « vrai », chez lesquels la totalité de l’être est engagée dans le sillage de Saint-Simon, n’inventent-ils pas le politique moderne à l’encontre des codes et des chartes fustigés par Cl. Démar (1833) ? Le saint-simonisme n’a-t-il pas été la matrice de la sociologie avec la découverte du rapport à l’autre, dégagée du moralisme étouffant du XIXe siècle (S. Zweig), peut-être articulée à la naissance du féminisme ? N’a-t-il pas généré une nouvelle manière de penser que la IIIe République aurait tenté d’annihiler (imposition du positivisme comme philosophie centrale) et les prémices de la découverte freudienne ?
Christiane Veauvy, chargée de recherche honoraire au CNRS, Docteur d’État es Lettres et Sciences humaines, Docteur en Sociologie, a consacré ses recherches à la Provence, au saint-simonisme et aux saint-simoniennes, aux féminismes (confrontation France, Italie, rives sud et est de la Méditerranée). Le rapport à l’autre est privilégié dans son approche pluridisciplinaire, ainsi que l’échange dans sa diversité, sa réciprocité ou son asymétrie.
Auteur(s) : BOHAS Georges
Bien que le Coran manifeste de l’hostilité envers les poètes (Les Poètes, 26, 224-226 : Ne vois-tu pas qu’en chaque vallée ils divaguent et disent ce qu’ils ne font point), cette hostilité concerne le « fond » et non la « forme » et une échappatoire est offerte aux poètes qui se rallient à la foi : (Les Poètes, 26, 227) Exception faite de ceux qui ont cru, ont accompli des œuvres pies, ont beaucoup invoqué Allāh et qui bénéficient de notre aide après avoir été traités injustement. En réalité, le Coran et la poésie arabe recourent à la même combinatoire métrique, la poésie en faisant un usage contraint et le Coran un usage libre, les deux recourant à des stratégies différentes.
Dans le Coran, la première de ces stratégies, intitulée « Le panachage métrique » est une technique commune à la poésie libre moderne et au Coran, laquelle consiste à mélanger librement des pieds pairs et impairs alors que dans la poésie ancienne ce mélange est strictement contrôlé.
La deuxième est intitulée « Le patchwork métrique ». Il s’agit de procéder à un assemblage de figures métriques disparates, incluant pêle-mêle des mètres à watid initial, médian ou final. Ces figures peuvent correspondre à un hémistiche de vers classique ou inclure un pied ou deux de plus dans les limites d’un verset.
La troisième intitulée « L’enchevêtrement métrique » est un phénomène analogue, mais dans sa version libre, les tronçons métriques pouvant apparaître au début, à la fin ou dans le cours des versets, la disposition en versets masquant une métrique largement régulière. Quelques artifices comme les syllabes orphelines initiales, médianes et finales, contribuent à occulter ces structures métriques et à les lisser pour les faire passer pour de la prose, mais elles ne sauraient échapper au regard du lecteur perspicace familiarisé avec la métrique de la poésie arabe. Ainsi, l’étude métrique purement formelle, met en évidence la relation entre poésie préislamique, Coran et poésie moderne, dévoilant un des secrets de la composition de ce livre.
Georges Bohas, membre correspondant de l’académie de langue arabe de Damas, a soutenu en 1975 une thèse en linguistique sur la métrique de la poésie arabe classique et moderne. Ses travaux ont radicalement simplifié et rénové l’étude et l’enseignement de cette science. En 2007 il a publié un article sur la métrique de la sourate al-Raḥmān et depuis il n’a cessé d’approfondir la relation entre la métrique arabe et le Coran. Une contribution importante est déjà parue dans l’ouvrage qu’il a publié en collaboration avec G. Roquet : Une lecture laïque du Coran (2018).
Auteur(s) : LECUYER Laurence
Le ghunghat est une pratique du voile particulière à l’Inde du Nord. Il a pour singularité d’être non-confessionnel et peut être pratiqué par des femmes de toutes confessions religieuses – hindoues, musulmanes ou sikhes – mais pas par toutes les femmes. Il consiste, à baisser sur son visage, le voile qu’elle porte sur la tête devant certains individus parmi ses affins, mais jamais devant ses consanguins. Il est observé de façon inégale en fonction des castes, des classes, du niveau d’éducation, des lieux de résidence dans une grande partie de l’Inde du Nord, hormis au Pendjab, d’où il a disparu il y a une quinzaine d’années. Il renseigne donc sur la relation qu’une femme entretient avec son entourage.
Sa manipulation donne à voir l’organisation sociale et familiale spécifique à l’Inde du nord : mariage arrangé, résidence patrilocale en famille élargie, antagonisme et asymétrie de statuts entre les affins et les consanguins d’une femme, rapports hiérarchiques. Extension de son corps, sa gestuelle exprime les représentations autour du corps, l’esthétique et les rapports de genre. Le voile apparaît comme un « fait social total », révélant les rapports familiaux et sociaux en même temps que les représentations du corps de la femme ; il s’insère dans une pratique de couverture et d’enveloppement des corps et des objets qui renvoie au sacré. Une approche ethnologique et anthropologique du ghunghat permet de créer de nouvelles grilles de lecture des problématiques autour du voile dans d’autres espaces, en particulier en France, et ce dans une perspective comparative.
Laurence Lécuyer est anthropologue. Elle réalise, depuis plus de vingt ans, des séjours en Inde. Elle enseigne l’anthropologie et les sciences sociales à l’Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales), au département Inde-Asie du Sud-Himalaya.
Chercheuse à l’ANR LIMINAL, traitant des problématiques de l’exil, de ses langues et de ses intraduisibles, tant linguistiques que culturels, sa thèse d’anthropologie sociale et culturelle traitait du ghunghat, un voile social et non confessionnel de l’Inde du Nord. Elle a participé aux travaux de Michel Agier sur l’hospitalité. Elle commence de nouvelles recherches sur le statut social et spirituel des joueurs de dhôl, une percussion spécifique à la région du Pendjab, au Pakistan et en Inde, ainsi que sur les relations étroites entre les Sikhs et les Soufis pendant la constitution du Sikhisme comme forme religieuse.
Auteur(s) :
Études linguistiques et littéraires offertes à Jérôme Lentin par ses collègues, élèves et amis
Éditées par
Nadia Comolli, Julien Dufour, Marie-Aimée Germanos
Jérôme Lentin étudie la langue arabe telle qu’elle est pratiquée par les sociétés arabophones d’hier et d’aujourd’hui, au-delà des idées reçues sur la place des différentes variétés de cette langue. Il décrit dans ses travaux la complexité des situations sociolinguistiques en rétablissant une juste perspective, où arabe littéral et arabe dialectal sont deux pôles d’un continuum.
Auteur d’études pionnières et fondatrices qui font aujourd’hui référence, il a initié et formé des générations d’étudiants à la dialectologie et à la linguistique de l’arabe, mais aussi à l’étude du moyen arabe et des variétés mélangées, qu’il a largement contribué à constituer en discipline.
Le présent volume rassemble les travaux que des collègues, élèves et amis ont préparés en son honneur. Il regroupe trente-cinq contributions qui reflètent l’intérêt sans frontières du dédicataire pour l’arabe et sa littérature, ainsi que pour les langues du domaine chamito-sémitique et pour l’italien. Elles nous conduisent de la première moitié du IIe millénaire avant notre ère à l’époque contemporaine, et nous font voyager de la Mauritanie au Yémen, en passant par le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, la Palestine, le Liban, la Syrie, le golfe Arabo-Persique et même Chypre, l’Italie et l’Espagne.
Auteur(s) : GALLEY Micheline
« Malte, disait Fernand Braudel, a ouvert son esprit et son cœur à toutes les civilisations qui lui ont rendu visite, si bien qu’aujourd’hui la Méditerranée lui appartient en son entier… »
Tout au long de l’Histoire, les contacts et échanges se sont succédé dans ce petit archipel au cœur de la Méditerranée, faisant de celui-ci un véritable creuset de cultures.
Ce bref essai suit le processus de la mixité originale qui s’opère, en apprécie les effets – dans le domaine de la langue, de la religion, de la culture en général – et dégage quelques aspects saillants de la personnalité maltaise.
Micheline Galley est directeur de recherche honoraire au CNRS. Ethnologue arabisante, elle a travaillé sur les littératures de tradition orale à Malte et au Maghreb ; elle s’est attachée particulièrement à l’étude d’une œuvre maîtresse de la littérature populaire arabe : La Geste hilalienne, aujourd’hui inscrite au patrimoine de l’Unesco.
S’intéressant aux phénomènes de continuité de certains thèmes narratifs (observés à Malte et en Italie) et liturgiques (en Catalogne), Micheline Galley a suivi le parcours semé de transformations de la Sibylle et le rayonnement artistique qu’elle a suscité à travers l’Europe ; un livre richement illustré (Geuthner 2010) et plusieurs articles lui sont consacrés.
Auteur(s) : SKAF Rola
Cet ouvrage présente pour la première fois une analyse syntaxique et typologique du morphème polyfonctionnel d= du syriaque, une langue du groupe araméen des langues sémitiques du Nord-Ouest qui furent parlées au Proche et Moyen-Orient. Documentée depuis les débuts de l’ère chrétienne, elle s'est répandue comme langue liturgique, et, occasionnellement, comme langue littéraire, parmi des peuples non-araméophones, jusqu’en Chine et au sud-ouest de la côte indienne. Aujourd'hui, elle est la langue liturgique et savante des Chrétiens d’Orient.
Sur la base du corpus des Évangiles dans la traduction de la Peshiṭta, révision des précédentes traductions dites Curetonienne et Sinaïtique, l’évolution de l’ancien démonstratif du proto-sémitique est analysée dans ses différentes fonctions syntaxiques en syriaque et par comparaison avec d’autres langues sémitiques proches. La comparaison avec le grec, langue source des traductions syriaques, montre que celui-ci n’a eu que très peu d’influence sur les traducteurs syriaques.
Six fonctions grammaticalisées sont étudiées d’un point de vue typologique et comparatif : support de détermination, relateur dans le syntagme génitival et les propositions relatives, complémenteur, introducteur de propositions adverbiales et du discours rapporté direct et indirect.
Cet ouvrage s’adresse aussi bien aux spécialistes de l’araméen qu’aux sémitisants et aux typologues, grâce aussi aux nombreux exemples en caractères syriaques, translitérés, glosés (suivant les “Leipzig Glossing Rules”) et traduits.
Rola Skaf est docteure en linguistique. Elle est diplômée de l’INaLCO – Université Sorbonne Paris-Cité et de l’Université de Turin. Spécialiste de sémitique et notamment de syriaque, elle s’intéresse aussi au néo-araméen. La DGLFLF (Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France - Ministère de la culture et de la communication), a financé son projet sociolinguistique sur le ṭuroyo et le soureth. Conjointement avec ses recherches au sein du laboratoire LACITO-CNRS-UMR 7107, elle continue d’assurer plusieurs missions de terrain auprès de la communauté araméophone en France. Auteure, elle collabore également à la traduction et à l’édition de textes à partir de manuscrits syriaques aux Sources Chrétiennes, CNRS (HiSoMA, UMR 5189).
Auteur(s) : LAFFITTE Roland
La langue française a emprunté, tout au cours de son histoire, des mots à la langue arabe, et cela en plusieurs vagues et dans plusieurs registres. Au-delà des emprunts proprement dits, le lexique scientifique porte de manière conséquente la marque de la langue arabe, arrivée notamment sous la plume des clercs médiévaux. On imagine aussi aisément l’ampleur du lexique politique, qui s’est considérablement étendu ces dernières décennies.
Mais il est un domaine particulièrement riche en arabismes, celui du français décoincé. Il regroupe la somme des mots qui circulent hors de la langue soutenue et disséquée sous la Coupole, pour ne garder que la variété de la langue qui court dans les rues ; celle des cités populaires et des cours d’école, comme celle des alcôves et des salles de garde, celle des émissions de télévision populaires et des différents corps de métiers, etc.
Le lexique des arabismes appartenant à ce registre est essentiellement abondé par trois sources : 1) le français colonial, introduit aux xixe-xxe siècles jusqu’en 1962, dans ses deux branches, le jargon des troupes coloniales, avec un terme connu comme toubib, et celui des Français d’Afrique du Nord qui a popularisé le mot souk ; 2) le français sorti, depuis les années 1960, des quartiers et des cités de relégation des populations issues des vagues d’immigration du Maghreb, et qui, essentiellement par les canaux de l’école et le rap, s’est déversé dans ce que l’on a appelé la langues des jeunes, et dont certains termes emblématiques sont même entrés, comme beur et kif, dans le français courant ; 3) des vieux mots entrés dans la langue aux différentes époques et recyclés par la langue décoincée, comme artichaut ou coton.
En annexe de ce vaste lexique, est présenté le vocabulaire de l’islamophobie contemporaine qui reprend, notamment dans la presse et sur la toile, les mots de l’Islam pour les retourner contre cette religion et nos compatriotes musulmans.
Roland Laffitte est chercheur indépendant et essayiste. Il est président de la SELEFA (Société d’études lexicographiques et étymologiques françaises et arabes), créée en 2002. C’est dans son cadre qu’a été menée cette étude, ainsi que celle qui a donné lieu au livre Le ciel des Arabes, paru chez Geuthner en 2012.
Auteur(s) : TRISTANI Jean-Louis
Signifiance du monde propose une « harmonisation intégrale » entre la linguistique saussuro-guillaumienne des langues naturelles et la pensée phénoménologique heideggérienne de la vérité de l’être en tant qu’alètheia, dans son sens grec de « ce qui sort de la latence » et que Jean-Louis Tristani nomme illatence. En d’autres termes, cet essai donne accès à une compréhension des « relations grammaticales évidentes qui articulent l’être, dans sa vérité, et la pensée, telles qu’elles sont a priori données dans le système linguistique de n’importe quelle langue naturelle ». Cette mise au jour de la co-originarité de la langue et de la pensée corrobore la formule du linguiste français Antoine Meillet, maintes fois citée par Gustave Guillaume, selon laquelle, en ce lieu intelligible de la langue « tout se tient et a un plan d’une pleine rigueur ». Une rigueur qui intègre le système morpho-lexical d’une langue, en tant qu’intégrale des conditions d’effection du discours, avec les conditions existentiales de possibilité du Dasein en tant qu’être-au-monde. D’où Signifiance du monde, ce titre qui annonce la composante linguistique de notre présence au monde.
Licencié en théologie et agrégé de philosophie, Jean-Louis Tristani (1935-2012) enseigna à la Sorbonne au Département de Sociologie sous l’égide de Raymond Aron. Il participa au mouvement « Socialisme ou barbarie ». La découverte de la phénoménologie allemande, de la mythologie comparée de Georges Dumezil, puis de la linguistique de Gustave Guillaume le conduisit à s’interroger sur les fondations grecques de l’anthropologie et à s’avancer sur la voie d’une grammaire et d’une anthropologie générales. Enfin, il se voua à une recherche inédite sur la langue balinaise en collaboration avec l’Université de Denpasar.
Auteur(s) : Collectif, DIAB-DURANTON Salam, KLEIBER Georges, LACHKAR Abdenbi
Cet ouvrage s’intéresse à la description et à la catégorisation des proverbes et expressions figées. Il fait fond sur les résultats déjà acquis par les linguistes et parémiologues de différentes aires linguistiques et culturelles. Aussi, il propose de nouvelles approches des formes proverbiales. Cet ensemble de travaux se sert des notions de description et de catégorisation pour établir une analyse linguistique plus approfondie et tracer, à partir de là, en contexte, contours, points de ressemblance ou divergences entre les diverses formes stéréotypées (proverbes, dictons, aphorismes, expressions figées).
Les neuf contributions qui composent l’ouvrage étudient plus particulièrement le statut figé ou non des proverbes, la place et le rôle de la métaphore dans le déploiement des proverbes et des locutions figées, la typologie des locutions figées, leur domaine d’extension, leurs usages et fonctions.
Les chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants y trouveront une source stimulante pour mieux comprendre et poursuivre ce chantier scientifique toujours ouvert.
Ont contribué à cet ouvrage Guy Achard-Bayle, Jean-Claude Anscombre, Rahma Barbara, Salam Diab-Duranton, Joseph Dichy, Georges Kleiber, Abdenbi Lachkar, Irène Tamba, Jean-Philippe Zouogbo.
Auteur(s) : Joseph & Adonis Nehmé
Ces contes reflètent plusieurs aspects de la vie populaire libanaise d’antan, bien avant le déferlement de la modernité dans la vie quotidienne. Ils divertissaient petits et grands.
Un père et un fils, Joseph puis Adonis Nehmé – deux hommes de poigne – ravivent ces paroles de femmes – ici celles de Loulou, Saada et Rosa – qui tissent et transmettent souvenirs, imaginaire et identité libanaises.
Le commandant de gendarmerie Joseph Nehmé est né en 1910 à Deir el-Qamar où il fit ses études avant de rentrer au séminaire de l’ordre mariamite du couvent Notre-Dame de Loueizé. Il renonça à la vie ecclésiastique et intégra la gendarmerie où il atteignit le rang de commandant. Il se consacra à l’écriture d’une histoire de cette dernière puis à celle de l'émir Fakhreddine Maan enfin à celles du Liban à l'époque des émirs. Il s’intéressa au folklore libanais puisé dans les récits de village. Du recueil de ces histoires naquirent Les Contes de ma grand-mère et autres contes du Liban.
Le général Adonis Nehmé est né en 1943 à Baabda au Liban. Il intègre l’école militaire de l’armée et poursuit sa spécialisation militaire en France, en Grande-Bretagne puis aux États-Unis. Il occupe successivement les postes d’attaché militaire à Paris et Washington, directeur des affaires géographiques, commandant de la brigade médicale, conseiller d’Émile Lahoud alors commandant en chef de l’armée puis président de la République. Il rédigea ses Mémoires, en écho à la période de troubles au Liban, de 1975 à 1990, puis se consacra à ce recueil de contes.
Auteur(s) : BOHAS Georges, ROQUET Gérard
Peut-on parler de lecture laïque du Coran ou, selon la terminologie d’Adonis, de lecture « areligieuse » ? Cela nous semble possible en nous situant dans la perspective définie par Th. Römer : « Il s’agit d’appliquer à la Bible (ici au Coran) les mêmes méthodes de lecture et de décryptage que pour les récits d’Homère. Je n’ai jamais considéré que la Bible devait être traitée comme un texte à part ». C’est une démarche analogue, et combien fructueuse, qui a été suivie par Finkelstein et Silberman dans La Bible dévoilée.
La première partie du livre est consacrée à des études littéraires. En mobilisant des données empruntées à des sources coptes, hébraïques, syriaques et grecques, elle permet de reformuler et de résoudre plusieurs problèmes d’interprétation, de traduction et de datation.
La seconde partie entreprend d’abord de démontrer que, formellement, le Coran entretient un lien profond avec la poésie préislamique, exactement comme la poésie libre moderne avec la poésie classique. Notre étude établit ainsi une continuité structurelle entre la poésie ancienne et le Coran, qui se voit de ce fait restauré dans un continuum. Ensuite, en mettant en évidence la présence du style formulaire dans le Coran, elle établit un autre lien entre celui-ci et la poésie préislamique dont de nombreuses études ont mis en lumière, depuis longtemps, le caractère formulaire.


Denfert-Rochereau ou Raspail




















